Le cancer de la thyroïde est relativement rare. En 2018, en France métropolitaine, le cancer de la thyroïde se situe
au cinquième rang, en nombre de cas, parmi les tumeurs solides chez la femme et au seizième rang chez l’homme.Il peut se présenter sous différentes formes et avoir des causes multiples.
Cancer thyroïde : généralités
Il concerne essentiellement les personnes plutôt jeunes (3 fois plus de femmes que d'hommes) et il représente 1,3 % des cancers chez l’homme et 4,5 % chez la femme, soit 10 665 personnes en France (chiffres de 2018).
On distingue 4 grandes catégories de cancers de la thyroïde :
- les cancers papillaires qui représentent environ 85 % d'entre eux (9 770 cas en 2018 dont les trois‑quarts sont diagnostiqués chez la femme) et qui sont les moins dangereux ;
- les cancers vésiculaires (ou folliculaires) qui constituent 10,3 % des cancers thyroïdiens chez l'homme et 6,5 % chez la femme et qui concernent essentiellement les personnes autour de 40 ans ;
- les carcinomes médullaires (qui affectent les cellules C), ou CMT (cancer médullaire de la thyroïde) qui représentent 5,3 % des cas chez l'homme et 2,1 % chez la femme et qui sont héréditaires pour 25 % d'entre eux ;
- les cancers anaplasiques (indifférenciés), qui sont graves car agressifs et de mauvais pronostic, et qui concernent surtout les personnes âgées. Ils restent heureusement très rares puisqu’ils ne représentent que 2 % de tous les cancers thyroïdiens (toutefois, entre 1989 et 2016, on a relevé une augmentation moyenne de 1,3 % par an de ce type de cancers).
Les deux premiers sont bien différenciés, ce qui signifie qu'ils n'affectent pas les cellules au point de les déstructurer et de leur faire perdre leur capacité à fixer l'iode. Quand ils sont détectés suffisamment tôt (comme c'est de plus en plus le cas aujourd'hui), le pronostic est plutôt bon.
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Type de cancer de la thyroïde | Femmes | Hommes |
---|---|---|
Cancers papillaires | 17,5 | 5 |
Cancers vésiculaires | 2,8 | 0,54 |
Carcinomes médullaires | 0,33 | 0,22 |
Cancers anaplasiques | 0,09 | 0,06 |
Tous cancers de la thyroïde confondus | 20,7 | 5,82 |
Facteurs de risque et causes de ce cancer
Concernant le cancer de la thyroïde, le facteur de risque le plus souvent évoqué est l'irradiation :
- dans le cadre d'un traitement de radiothérapie (des radiographies ne suffisent généralement pas à entraîner un cancer) ;
- par le biais de l'iode radioactif (autrefois utilisé de manière très large pour éradiquer les résidus thyroïdiens persistants après une thyroïdectomie totale pour cancer).
Plusieurs études épidémiologiques estiment que l'accident de Tchernobyl, régulièrement évoqué, ne serait pas impliqué.
En ce qui concerne les causes on retiendra :
- des antécédents familiaux (pour les formes médullaires surtout), entre 3 et 5 % des malades ayant eu un parent lui aussi atteint d'un cancer thyroïdien ;
- une carence en iode (à l'origine du goitre) ;
- à l'inverse un excès en iode : soit par l'alimentation soit par un traitement médicamenteux ;
- l'exposition répétée aux rayons X (personnel médical) ;
- certaines maladies thyroïdiennes : thyroïdite d'Hashimoto, nodule thryoïdien.
L'aspect émotionnel mis en évidence en décodage biologique des maladies est également tout à fait significatif et permettrait d'expliquer bon nombre de pathologies thyroïdiennes dont l'origine reste obscure pour la médecine classique.
Dans le cas des cancers, il s'agit d'un conflit émotionnel intense, toujours lié à une notion de vitesse et vécu :
- de façon tout à fait inattendue ;
- de façon dramatique ;
- dans l'isolement ;
- sans solution immédiate.
Diagnostic du cancer de la thyroïde
Il existe différents examens médicaux permettant de repérer un cancer de la thyroïde.
- L'échographie permet, en cas de nodule, de préciser sa nature (liquide, solide ou mixte), sa taille, s'il est unique ou non.
- La cytoponction (au sein des nodules liquides ou des kystes) permet l'examen liquidien.
- La scintigraphie permet de déterminer s'il s'agit d'un nodule chaud ou froid (risque de cancer).
Le diagnostic pourra être posé avec davantage de certitude (fiabilité de 95 %) suite à un examen microscopique du prélèvement réalisé au cours de la ponction. Cet examen permettra également de déterminer le type de cancer.
Le bilan thyroïdien biologique permet de repérer les cancers médullaires grâce au dosage de la calcitonine.
À noter : 75 % des cancers de la thyroïde diagnostiqués ces dernières décennies sont des surdiagnostics (tumeurs papillaires n’entraînant pas de symptômes ni de risque vital en l’absence de traitement). Ainsi, 470 000 femmes et 90 000 hommes auraient été surdiagnostiqués et auraient subi un traitement non nécessaire dans 12 pays sur 20 ans, dont environ 50 000 Français.
Symptômes
Deux symptômes doivent amener à consulter un médecin pour s'assurer qu'on ne développe pas de cancer thyroïdien :
- la présence d'un nodule ou d'un ganglion à la base du cou ;
- la modification de la voix prolongée (plusieurs semaines) sans cause particulière.
Malheureusement, le cancer de la thyroïde est très souvent asymptomatique. Il est le plus souvent découvert de façon fortuite, au cours d'examens destinés à d'autres explorations : échographie cervicale ou scanner, par exemple.
Traitement de ce cancer
Le traitement du cancer de la thyroïde passe par la chirurgie thyroïdienne. Elle vise à retirer tout ou partie de la glande thyroïde en fonction de son atteinte, de l'étendue de celui-ci et de sa localisation.
Traitement chirurgical
C'est généralement l'ablation de la thyroïde qui est privilégiée, car le risque de récidive en cas d'ablation partielle est très fréquent. L'opération se double également d'un curage ganglionnaire qui vise à éliminer toutes les cellules thyroïdiennes encore présentes et qui seraient susceptibles de développer un nouveau cancer.
Un mois environ après l'intervention, un traitement médicamenteux est instauré. Il s'agit d'une cure d'iode 131 destiné à détruire les cellules thyroïdiennes résiduelles.
À noter : l’iode radioactif est associé à un risque rare mais significatif de cancers secondaires. Il est donc indispensable de ne donner d’iode radioactif chez les enfants et les jeunes adultes que lorsque cela est absolument indispensable et avec la dose la plus faible.
En parallèle, il devient indispensable de mettre en place un traitement substitutif visant à assurer le rôle que devaient jouer les cellules thyroïdiennes. Il s'agit habituellement d'un traitement de thyroxine.
Approche médicamenteuse
Il est également possible d'avoir recours au lenvatinib (Lenvima®) chez les patients atteints d'un cancer de la thyroïde différencié, localement avancé ou métastatique réfractaire à l'iode radioactif et progressif.
Ce traitement est efficace dans 22 à 68 % des cas (selon qu'il s'agit d'un cancer de la thyroïde métastatique ou d'un cancer de la thyroïde différencié) et il entraîne une réduction de la tumeur.
On observe également un allongement de la survie sans progression de la maladie (respectivement de 10,6 à 31,8 mois contre 4 en temps normal). Cette survie prolongée concerne également certains patients présentant plusieurs métastases.
Les effets indésirables les plus fréquents liés au lenvatinib sont l'hypertension, la diminution de l'appétit, le syndrome pied-main, la fatigue, la protéinurie, la stomatite et la diarrhée.
Évolution
Pronostic
Le pronostic des cancers thyroïdiens est bon. Cela est encore plus vrai lorsqu'il est repéré rapidement et qu'il intervient chez un patient jeune. Dans ce cas, la guérison est pratiquement assurée bien qu'un suivi régulier doive être mis en place à vie.
La survie nette à 5 ans est de 92 % chez les hommes et de 98 % chez les femmes. Si on s'intéresse aux personnes ayant présenté un CMT, par exemple, leur survie moyenne est de 70 % à 10 ans, et ce même si 57 % des malades ne sont pas guéris immédiatement après l'intervention chirurgicale.
En revanche, les risques sont légèrement augmentés lorsque la tumeur est repérée tardivement (qu'elle est déjà quelque peu étendue) et qu'elle concerne une personne âgée. Dans ce cas-ci, l'évolution cancéreuse post-traitement ne peut pas être exclue. Toutefois, le traitement d'éventuelles métastases semble donner de bons résultats.
Les cancers anaplasiques de la thyroïde sont des cas particuliers car leur pronostic est très mauvais avec une survie médiane de 3 à 6 mois, principalement du fait de métastases à distance ou d’une croissance locale rapide. Bien que rares, les cancers thyroïdiens anaplasiques sont responsables de la moitié de la mortalité liée au cancer de la thyroïde avec une survie médiane de 2 mois et une survie à 1 an d’environ 10 %.
Avec 386 décès estimés en 2018 dont 59 % chez la femme, le cancer de la thyroïde représente 0,33 % des décès par cancer chez la femme et 0,17 % des décès par cancer chez l’homme. Le taux de mortalité s’élève à 0,2 pour 100 000 personnes‑années chez l’homme comme chez la femme.
Article
Suivi
Un suivi est nécessaire, notamment en cas de cancers papillaires et vésiculaires. Il consiste en une prise de sang qui vérifie la TSH (son taux doit être stable autour de 0,1), la T3, la T4, le calcium, la thyroglobuline (qui doit être nulle), éventuellement les anticorps anti-TG susceptibles de fausser le résultat précédent.
Le suivi doit être mené comme suit : tous les 6 mois pendant les deux premières années et par la suite, à vie tous les 2 ans.
Pour ce qui est des cancers médullaires, les prises de sang permettront de vérifier :
- le dosage de la calcitonine (lorsque le taux double dans les 6 mois il mène au décès, ce qui est extrêmement rare) ;
- le taux de l'antigène carcino-embryonnaire.
Une aide psychologique peut être apportée au malade, notamment avec l'aide d'une assistante sociale.
Bon à savoir : on constate également que le risque de diabète est sensiblement augmenté dans les deux ans qui suivent un diagnostic de cancer de la thyroïde. Il peut donc être également intéressant de se faire suivre par un nutritionniste.
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